Avis de décès

Thérèse Frere (née Brochu)

1926 - 2025

Parution du 2025/10/04

Le Droit


C’est avec une immense tristesse que nous annonçons le décès de Mme Thérèse Frere (née Brochu) à l’âge de 98 ans.

En 1926, cette artiste-née a vu le jour au sein d’une famille de bûcherons à Saint-Philibert-de-Beauce, au Québec.

Durant son enfance, elle a développé un pragmatisme, une force et une résilience qui lui ont été salutaires tout au long de sa vie. Son profond désir de voir au-delà de l’horizon l’a conduite à l’École normale de Québec, puis dans une école de rangs qui regroupaient les élèves de tous niveaux de scolarité en une seule classe.

Son courage et sa curiosité l’ont ensuite conduite à Toronto où elle a vécu durant une année complète a une époque a une epoque ou il etait particulierement audacieux pour une jeune femme seule d’en faire autant. Elle a ainsi appris l’anglais et a acquis la confiance nécessaire pour naviguer dans le vaste monde au-delà de la ferme familiale. Au bout de son séjour à Toronto, elle a réalisé que la grande ville n’était pas pour elle et elle s’est dirigée vers Ottawa, où elle a poursuivi des études en secrétariat et a travaillé au gouvernement fédéral durant la guerre.

C’est en ces lieux qu’elle a rencontré son mari à en devenir, Robert Frere, qui y était affecté comme membre de la GRC. S’ils formaient un couple improbable : elle, une Française d’1,53 mètre, et lui, un Anglais d’1,93 mètre, ils formaient également un couple formidable. Ils se marièrent en 1955 et eurent six enfants coup sur coup. Elle disait qu’elle tombait enceinte sous le simple regard de son époux. Tragiquement, Robert décéda subitement à l’âge de 42 ans, laissant Thérèse seule avec six enfants âgés de moins de 13 ans. Son courage et sa débrouillardise furent mis à contribution pour lui permettre de joindre les deux bouts. Elle trouva un emploi de secrétaire d’école afin de pouvoir suivre le même horaire que ses enfants. Son travail acharné et ses sacrifices donnèrent à ses enfants les assises pour grandir et s’épanouir. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’artiste en elle trouva le temps et l’espace pour émerger et se réaliser pleinement.

Elle étudia à l’École d’art d’Ottawa et à l’École des beaux-arts de Banff. L’art était sa véritable passion et elle réalisa des centaines de tableaux représentant les villages et les villes des environs d’Ottawa. Voyageuse invétérée, elle explora l’Europe, les États-Unis et de nombreux autres pays lors d’un voyage autour du monde. Mais c’est Terre-Neuve-et-Labrador qui a conquis son cœur, et son art l’a reflété avec la plus grande passion. Elle aimait Terre-Neuve et Terre-Neuve l’aimait en retour. Elle y est retournée à maintes reprises et a exploré le nord jusqu’au Labrador, où, lors d’un seul voyage, elle a réalisé vingt tableaux en l’espace de dix jours.

Thérèse a su capter la beauté de la nature dite « ordinaire » pour nous faire découvrir l’extraordinaire. Passionnée par le patrimoine, elle a peint de vieilles fermes, des ponts couverts, des bateaux de pêche, dont plusieurs auraient sombré dans l’oubli s’ils n’avaient pas été immortalisés par l’entremise de ses toiles.

Elle a vendu la plupart de ses tableaux de sa galerie et, à la fin de sa carrière, en a fait don de 150 œuvres au Patro d’Ottawa pour financer des programmes jeunesse. Elle a également fait don de 83 de ses tableaux portant sur la splendeur de Terre-Neuve-et-Labrador à Shorefast, une association de l’île Fogo. Elle était une visiteuseannuelle particulièrement appréciée de l’île Fogo, où elle se rendait dans les endroits les plus improbables, peignant, se faisant des amis et partageant sa passion contagieuse pour la beauté des lieux.

Thérèse était également appréciée et respectée pour son dévouement au patrimoine et à la culture franco-ontarienne. Elle a reçu de nombreux prix et distinctions pour son dévouement à l’éducation artistique et a été nommée Chevalière de l’Ordre de la Pléiade.

Elle a choisi d’arrêter de peindre après l’âge de 80 ans, car elle reconnaissait que l’excellence dans ses œuvres diminuait alors qu’elle souhaitait laisser que le meilleur de son art.

Elle a vécu ses dernières années dans la sérénité et plus près de chez elle. Thérèse s’est éteinte paisiblement à l’approche de son 99e anniversaire.

Elle laisse dans le deuil ses enfants Suzanne, Carol (décédée en 2016), Eric, David, Michael et Louise, ses dix petits-enfants, ses nombreux arrière-petits-enfants et une multitude d’amis et d’admirateurs qui auront à vivre dans l’absence de celle dont ils se souviendront avec tendresse.

Les obsèques auront lieu à sa mémoire à la chapelle Racine, Robert et Gauthier le 11 octobre 2025 à 12h. Sa famille vous invite à présenter ses condoléances au même endroit a partir de 10h.



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